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lundi 11 février 2013

Végétalisme ?

Choisir le végétalisme, à moins d'être né dans un milieu où les informations ont déjà beaucoup tourné, c'est se heurter à des questions classiques (la célèbre "et les protéines alors ?") voire à l'hostilité manifeste de certaines personnes transformées pour l'occasion en nutritionnistes avertis, bien que consommatrices de plats surgelés et de junk-food à emporter.

Il ne viendra pas à l'idée de demander à un obèse s'il s'inquiète pour sa tension, ou à toute personne qui consomme quotidiennement de la viande si elle n'a pas peur des déchets rejetés dans ses reins et son côlon. D'ailleurs, on ne demande jamais à un omnivore s'il mange équilibré. Avaler des poulet-frites et se nourrir de charcuterie évite toutes formes de questions nutritionnelles ou sanitaires.

Et les carences alors ?


De toute évidence on peut aussi bien être carencé en étant végétalien qu'en étant omnivore, il suffit pour ça de suivre n'importe quel régime déséquilibré. Manger "de tout" ne signifie en rien "manger équilibré".

Si un végétalien tombe malade à cause de diverses carences on n'hésitera pas à le tenir comme preuve du danger de son régime, en revanche la pléthore de cancers et de maladies cardiovasculaires qui s'abat sur les omnivores ne remue que très modérément les consciences. Et c'est un peu trop triste pour en rire.

Un petit point...

Tout ça a déjà été écrit et dit mille fois par d'autres mieux informés encore mais je ne résiste pas à rappeler qu'on trouve des protéines de très bonne qualité dans certains végétaux, même topo pour le calcium, le fer et les vitamines.

Cependant on a tout de même tendance à oublier que l'organisme ne fixe pas toujours ce qu'on lui donne, notamment lorsque l'on présente des carences ou des excès dans certains domaines. Les personnes qui consomment trop de protéines animales et/ou trop de sel ont des besoins accrus en calcium et peuvent donc très facilement être carencées, alors qu'une personne végétalienne qui consomme du calcium d'origine végétale présentera des bilans sanguins très satisfaisants à ce niveau là... comme quoi...

(Mini mémo : les protéines et le fer ne proviennent pas exclusivement de la viande, le calcium ne provient pas exclusivement des laitages - en Asie on ne consomme pas de laitages et l'ostéoporose est rare sur ce continent).

Un régime équilibré

Tout comme il est stupide de tirer sur le régime végétalien en l'accusant d'être dangereux et obligatoirement source de problèmes, il serait irresponsable de le vanter comme une garantie de santé et d'équilibré.

Soyons clairs : une personne qui mange des frites à tous les repas, aucune légumineuse et quelques haricots verts vapeur pour la bonne conscience est bel et bien végétalienne, mais présentera évidemment des carences importantes et à terme sa vie sera en danger. Cela n'empêche pas qu'au même titre un amateur de steak-frites mayo, grand buveur de lait (qui mangera également ses haricots verts de temps en temps, bien sûr) présentera un bilan sanguin désastreux également, et développera des maladies.

Bref, c'est du rabaché mais c'est important : la clé est l'équilibré. Mieux connaître les aliments, mais également nos besoins est primordial, et il faut cesser de surestimer l'importance des protéines car au final il est beaucoup plus rare d'en manquer que d'en avoir à l'excès. Il faut se renseigner d'avantage et ne pas tomber dans les lieux communs.

Enceinte et végétalienne

Après s'être confronté au jugement pas toujours favorable de notre entourage ou de la société, l'épreuve de se soumettre à l'avis des médecin est une étape supplémentaire et non des moindres. On s'en remet souvent à eux et loin de moi l'idée de rejeter la médecine et l'avis des spécialistes, mais il est très rare de tomber sur des praticiens humbles devant la nouveauté. En France le végétalisme n'est pas encore très répandu alors que le fast-food oui, encore une fois c'est un peu trop triste pour en rire. Il n'est pas impossible qu'un médecin non-informé sur le végétalisme se montre tout de même catégoriquement négatif quant à cette idée. Et là, il est non seulement difficile de ne pas douter, mais en plus il devient impossible d'être bien suivi médicalement, bien conseillé, et si besoin supplémenté.

Lorsque l'on décide d'avoir un enfant, en tant que végétalienne on peut parfois redouter le moment où l'on va apporter cette précision à notre obstétricien. Certaines femmes comme moi ont la chance d'être suivies par des médecins qui en ont vu d'autres et qui les traitent à priori comme des personnes renseignées. Ainsi à la place du prévisible "vous n'y pensez pas, il est impossible de... c'est irresponsable..." on peut avoir droit à "je suppose que vous faites attention à ci, et puis à ça". La nuance n'est pas mince.

Certaines femmes sont cependant confrontées à un choix délicat, changer de régime alimentaire ou changer de praticien. Il n'est pas obligatoire de céder à l'idée que chercher un médecin compréhensif s'apparente à de la complaisance, et la majorité ne doit pas toujours faire loi.

Ainsi, trouver un médecin bien renseigné est primordial pour être traitée avec dignité d'une part, et pour être sûre que les questions importantes soient soulevées d'autre part. Pour celles qui ont des doutes, voire des angoisses quant au fait de tomber enceinte en étant végétalienne je tenais à apporter mon témoignage. Enceinte de 5 mois je présente des analyses sanguines impeccables, aucune carence et "bébé grandit très bien".

Les premières questions du docteur ont été "prenez-vous des compléments en B12 ?" et "mangez-vous suffisamment de fer ?". Ce genre de signes a tout lieu de rassurer. Ces questions démontrent non seulement que le médecin sait ce qu'il est important de surveiller en priorité, mais qu'en plus d'après lui il est largement concevable de mener sa grossesse en mangeant des végétaux.

Et ce bébé qui est mort et dont les parents étaient végétaliens ?

On a pu lire à droite à gauche de nombreux commentaires sur cette triste histoire de bébé allaité par sa mère végétalienne et qui est décédé. Pour beaucoup il est indéniable qu'on a là la preuve inaliénable de la dangerosité du végétalisme. Les commentateurs ne prennent en considération aucun concours de circonstances, aucun contexte, ils n'ont nulle envie de savoir si les fonctions vitales du bébé étaient atteintes par d'autres maux ni si les parents ont commis des erreurs graves, leur seule faute serait de ne pas consommer de protéines animales. C'est en réalité la preuve de l'existence de la végéphobie, et du fait que la majorité des gens attend un faux pas pour tirer à boulets rouges. Beaucoup de bébés meurent malheureusement de malnutrition, même en France, et même aujourd'hui. N'importe quel régime déséquilibré peut avoir des conséquences néfastes sur la santé. Quid de tous ces jeunes enfants qui mangent des chips le midi, boivent des sodas au goûter et se nourrissent majoritairement de plats préparés industriellement ?

Et les bienfaits ?

L'heure n'est pas à la théorie du complot, n'empêche qu'il n'est pas idiot de se demander pourquoi le régime végétalien fait paniquer à ce point à l'heure où l'obésité, le cholestérol et l'hypertension (entre autres) touchent des gens de plus en plus jeunes.

Devenir végétalien (toujours dans le cadre d'un régime équilibré) mène très souvent à faire chuter son taux de cholestérol, à perdre du poids, à se sentir plus dynamique, à améliorer sa digestion, etc. Beaucoup témoignent du fait que leurs capacités physiques et intellectuelles sont accrues. De plus, on se sent bien souvent plus en accord avec nous-même, libérés de beaucoup de paradoxes et de gênes (cruauté infligée aux animaux, pollution, industrialisation, élevage intensif, etc...).

Manger végétalien coûte moins cher, pour un même budget on peut alors accéder à des produits de meilleure qualité.

L'élevage intensif est très polluant, la pisciculture détruit les littoraux. Des animaux sont même réduits en farine pour nourrir d'autres animaux, c'est une hérésie écologique. Renoncer à traiter les animaux comme des produits de consommation est favorable à la protection de l'environnement, c'est le monde de nos descendants que nous protégeons.

Bien sûr, l'argument de la compassion n'est pas des moindres. Les animaux peuvent souffrir, pour beaucoup ce simple fait est suffisant pour renoncer à les traiter comme nos esclaves. Devenir végétalien c'est se tourner globalement vers plus de respect et de compassion, ce choix s'applique plus largement aux gens qui nous entourent, à l'environnement et à nous-même.

Idées reçues

Contrairement à ce que l'on peut croire il n'est pas du tout compliqué de suivre un régime végétalien équilibré. Au début évidemment il faut se rééduquer, ça prend du temps et de l'énergie mais une fois les réflexes acquis tout devient assez spontané. On (re)découvre certains aliments, on fait des associations intéressantes, on prend d'avantage le contenu de nos assiettes en main.

Les poncifs récurrents et plus ou moins insensés auxquels on est confronté lorsque l'on est végétalien sont très souvent faciles à réfuter.

- Les humains ont toujours mangé de la viande : c'est en partie faux, selon les pays et les époques le régime végétarien a toujours existé. De plus cet argument est facile à invalider car le fait qu'un comportement ait toujours existé ne signifie pas qu'il est moral et acceptable ; l'homme a toujours tué et violé, et pourtant la société condamne ces actes pour des raisons évidentes d'éthique et de respect...

- L'homme est un carnivore au même titre que le lion : aucun homme ne chasse sa proie avec pour seules armes ses griffes et ses crocs, aucun homme ne mange la chair de sa proie encore vivante, d'ailleurs pour la plupart, les gens ne supportent même pas de regarder la mise à mort de l'animal qu'ils souhaitent manger.

- Un végétalien est forcément carencé : en questionnant un omnivore sur la provenance des fameuses protéines, du fer, du calcium et des vitamines on constate systématiquement qu'il ne sait rien des apports dont il a vraiment besoin, ni où les trouver. Les gens informés savent que l'on peut manger végétalien et équilibré. Lorsque l'on est bien renseigné sur les excès et les carences on peut très facilement démontrer à un omnivore que son régime présente d'avantage de risques que le notre. De plus cette allégation est gratuite, quelle personne prétendant que le végétalien est carencé s'est déjà réellement penché sur le bilan sanguin de l'un d'eux ?

- Un végétalien n'a pas à imposer ses choix à ses enfants : seul un omnivore semble avoir le droit de faire des choix pour son enfant. Choisir de nourrir sa famille avec des viandes dont la provenance est incertaine, ou carrément des produits toxiques (je pense au célèbre fast-food bien sûr mais ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres) est-il donc plus acceptable ? On fait forcément des choix pour ses enfants, on les éduque, on leur donne des habitudes, on leur apporte ce que l'on juge être le mieux pour eux. Les végétaliens ne font pas exception à cette règle.

- Il y a des problèmes plus graves dans le monde : se préoccuper du sort des animaux n'empêche en rien d'être concerné par les "problèmes plus graves". D'ailleurs c'est ironique quand on sait que l'élevage intensif détruit l'environnement, appauvrit des régions entières et utilise des végétaux qui pourraient couvrir les besoins des personnes qui meurent de faim. En outre, cet argument est largement proféré par des personnes qui ne se préoccupent strictement pas de ces dits "problèmes plus graves". Globalement, les végétaliens ont une forte conscience humaine et écologique et tendent très largement vers plus de respect et vers moins d'égoïsme.

Devenir végétalien avec succès

Comme je l'ai dit plus ou moins directement plus haut, la première chose à faire lorsque l'on souhaite changer de régime alimentaire c'est de s'informer. Faire des choix hasardeux peut conduire à commettre des imprudences et comme vous l'aurez compris, socialement on n'a pas vraiment le droit à l'erreur.

Il est possible de trouver beaucoup d'informations sur divers sites et blogs vegan. Mon préféré est Absolute Green. Virginie Péan parle de végétalisme de manière didactique et informative, c'est l'approche que je préfère. Lorsque l'on souhaite changer de régime alimentaire et adopter le végétalisme on peut parfois être confronté à des personnes agressives qui nous reprochent notre ignorance, ce qui peut être décourageant. Il ne faut pas hésiter à se rapprocher des gens qui ont tendance à partager plus qu'à blâmer.

Pour finir je tiens à apporter un dernier conseil. Régulièrement je lis les témoignages de personnes qui ont des difficultés à "tenir bon". Bien souvent les gens commettent l'erreur de vouloir continuer à manger comme avant, la viande en moins, et c'est source de frustration. Si l'on retire le steak, le fromage et la sauce d'un hamburger, on a du mal à se convaincre qu'on a fait le bon choix.
Je dirais qu'il faut complètement se détacher de ses habitudes. Tout miser sur les substituts végétaux à la charcuterie et au fromage risquerait de trop décevoir et de faire reculer même les plus motivés.
Il faut (ré)apprendre à cuisiner, voir que les légumes ne sont pas juste des accompagnements pour la viande, et explorer les graines, les épices, les légumineuses et les légumes oubliés ou inconnus. Personnellement au début, j'ai misé sur les cuisines asiatique, indienne et africaine. Au fil du temps on devient inventif, et on séduit même les réticents. Bon courage !

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